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Roy Jacobsen - Juste une mère

Juste une mère de Roy Jacobsen paraît ce jeudi 14 mars dans notre collection Du Monde entier, chez Gallimard. C’est le septième roman de l’immense écrivain norvégien que je traduis.

« L’océan est insondable, le plus souvent, il brise un homme par sa force brute mais, en de rares occasions, il l’emporte avec lui par son silence. »
 
Après un long voyage, Ingrid est de retour sur l’île de Barrøy. La vie reprend, stable et banale en apparence, mais la guerre projette encore des ombres noires sur la Norvège. C’est ainsi que, un jour, un gamin de cinq ans aux origines obscures et tragiques débarque sur Barrøy. Ingrid et sa fille Kaja se sentent alors responsables de Mathias, l’orphelin qui devient rapidement un membre essentiel de la collectivité de l’île isolée.

Juste une mère est le quatrième volume consacré à Ingrid Barrøy, inauguré par Les Invisibles. C’est un roman sur la perte et la responsabilité, l’abandon et la dignité, mais c’est avant tout l’histoire d’une femme forte, prête à tout pour sauver sa famille, son monde et son île.

Je dirais que l’on retrouve ici tout le talent de Roy Jacobsen, qui sait si bien décrire avec cette énergie et cette poésie l’essentiel de la condition humaine, et la lutte de gens modestes avec l’Histoire et la nature. Si vous ne ressentez rien en lisant ce livre, mon diagnostic sera simple: il serait grand temps de vous faire greffer un cœur.

Roy Jacobsen - Les Vainqueurs - Folio

« Alors oui, ici, il y a des histoires, un tas d’histoires, mais pas du genre qui s’entassent dans les livres et les bibliothèques, qui se lisent et qui durent, qui passent de génération en génération, non, ici, les mots sont arrachés par le vent à l’instant où ils sont prononcés. »

« Les Vainqueurs », de mon cher Roy Jacobsen, est paru la semaine dernière dans la collection Folio (n° 7339), chez Gallimard. Je considère ce roman comme l’un des dix plus importants des lettres norvégiennes de ces cinquante dernières années. Je suis donc heureux de voir ce monument, ce classique, poursuivre ainsi sa rencontre avec le public francophone.

Pour en parler, je cèderai la parole à un libraire de la revue « Pages »:
« Comme tout récit monumental, « Les Vainqueurs » emporte le lecteur dans le tumulte d’une époque, dans le foisonnement d’une narration exigeante et d’une rare poésie, dans les méandres d’une intrigue où la réalité se conjugue à la fiction. »

Un chant de Noël, de Charles Dickens - Une retraduction en français…

Il y a deux mois, j’indiquais dans une publication postée sur le Net la sortie d’une nouvelle traduction de Un Chant de Noël de Charles Dickens, illustré par Manuele Fior, chez Futuropolis, dans la collection « La petite littéraire », sous la direction éditoriale d’Alain David, que je remercie une fois encore de m’avoir confié cette traduction.

Je pourrais me lancer dans une analyse critique et traductologique de ce texte - considéré par beaucoup comme l’œuvre la plus parfaite de Dickens, car il s’agit de son premier conte et le plus célèbre. En parlant avec les gens qui lisent, j’ai toujours ce sentiment que Dickens n’est ni bien compris ni vraiment connu dans le monde francophone. Pourtant, en tant que traducteur, et donc avant tout en tant que lecteur attentif, ce qui me frappe chez lui, c’est son talent à raconter des histoires, à construire son intrigue, à la faire vivre, à se glisser dans la peau et la psychologie de ses personnages, sans les juger, ou du moins, sans les condamner.

Il me semble aussi que tout le message de Dickens, s’il y en a un, se résume à un constat très banal: si les gens se comportaient comme il faut, le monde serait ce qu’il doit être. D’une certaine façon, Dickens me semble admirer avant tout la « common decency », cette décence commune, ce sens profond qu’il y a des choses qui ne se font pas.

Je voudrais ajouter deux ou trois petites choses plus personnelles sur cette retraduction.
Tout d’abord, j’ai déjà traduit Charles Dickens il y a plus d’une vingtaine d’années: des Histoires policières inédites en français, tirées de ces « Reprinted pieces », publies entre 1850 et 1859, et parmi les premières d’un genre promis à un avenir faste: le polar.

Donc, Dickens ne m’est pas inconnu. Ensuite, pour cette traduction d'Un Chant de Noël, j’ai utilisé un facsimilé de l’édition originale et une édition universitaire britannique. Je n’ai pas regardé ce que mes collègues ont pu faire avant moi.

J’ai été guidé par une intention littéraire: bien sûr, saisir ce que Dickens avait voulu faire à l’époque, en 1843, mais avant tout trouver un équilibre entre un texte de la première moitié du XIXe siècle et une traduction écrite en 2023. Au fond, si un original date, s’il paraît « daté », ce n’est pas un problème en soi. En revanche, il est plus problématique si une traduction est datée…

Je pense aussi que je traduis Dickens d’une certaine façon parce que j’ai beaucoup marché dans Londres, dans un East End qui a été sciemment détruit pour faire place nette à des jeux soi-disant olympiques, j’ai énormément marché dans tous les arrondissements en « W », parce que j’ai habité Londres pendant des années du siècle précédent, avant d’en partir le 30 décembre 1999. Je n’y suis retourné qu’une fois depuis.

« Les jours sont comme l’herbe » de Jens Christian Grøndahl

Note de service: « Les jours sont comme l’herbe » de Jens Christian Grøndahl - mai 2023

Les jours sont comme l’herbe, de Jens Christian Grøndahl est paru cette semaine, dans la collection Du Monde Entier. C’est le quinzième livre de lui que je traduis.

Dans ce fort volume, on trouvera six romans. Ce sont six romans courts, dans des formats proches de ceux de « Virginia » ou « Quelle n’est pas ma joie », ou un peu plus courts, six textes épurés qui forment comme autant de variations sur le thème des moments décisifs, des moments où la vie prend un tour que l’on n’avait pas nécessairement attendu, avec des choix qui auront un impact sur une vie entière.

Chaque texte possède son identité stylistique propre, avec ces nuances subtiles que l’on a déjà pu voir à l’œuvre chez le grand romancier danois. Je peux vraiment dire que c’est du grand art.


La presse en parle déjà. Ainsi, Lire:
« Qu’elles parlent d’amour, de désamour, d’engagement, d’ambition, d’amoralité économique ou de foi authentique, chacune campe un personnage en fuite : évadé, réfugié, fugueur, suicidé ou transfuge de classes. À chacune son point de bascule, imprévu et irréversible. Et à chacune aussi sa réflexion sur l’écriture, qu’elle passe par le journal intime, la rédaction de mémoires ou par cette carte postale déchirée, dont on espère toute une vie l’autre moitié. »

Ou, Le Figaro:
« Au choix: longues nouvelles ou courts romans. Il y en a six. Pas un de ces textes n’est raté. Le talent de Grøndahl fonctionne à plein. (…) ses mots sonnent juste. Ils tombent sur la page avec la limpidité d’une goutte de pluie, la douceur d’un flocon de neige. »

Épreuves de « Les jours sont comme l’herbe » de Jens Christian Grøndahl

Note de service - Correction des épreuves de Les jours sont comme l’herbe de Jens Christian Grøndahl - 9 mars 2023

Aujourd’hui, j’ai terminé la relecture des épreuves de « Les jours sont comme l’herbe », de Jens Christian Grøndahl.

Dans ce fort volume, on trouvera six romans. Ce sont six romans courts, dans des formats proches de ceux de « Virginia » ou « Quelle n’est pas ma joie », ou un peu plus courts, six textes épurés qui forment comme autant de variations sur le thème des moments décisifs, des moments où la vie prend un tour que l’on n’avait pas nécessairement attendu, avec des choix qui auront un impact sur une vie entière.

Chaque texte possède son identité stylistique propre, avec ces nuances subtiles que l’on a déjà pu voir à l’œuvre chez le grand romancier danois. Je peux vraiment dire que « Les jours sont comme l’herbe », c’est du grand art.

Cela paraîtra le 11 mai prochain dans notre collection Du Monde Entier.
J’en reparlerai.