Le point de vue de l’auteur


L’Homme armé reprend la veine des gothic novels britanniques, avec leurs ingrédients de mystère, de crimes horrifiques, de vengeances, d’ambiances hantées, de machinations et de savants fous, et il s'inscrit, à titre d'hommage, dans celle des romans dickensiens et celle des feuilletonistes du XIXe siècle.

De plus, les amateurs d'intertextualité ne manqueront pas de noter que le personnage d'Athanasius Scobie, qui apparaît ici comme érudit classique et grand amateur de Burton (l'auteur de Anatomy of Melancholy) a été développé à partir du personnage éponyme créé par l’écrivain écossais Andrew Crumey, dans son roman Le Principe de d'Alembert.

Même si Andrew MacLachlan, le personnage principal de L'Homme armé, est un policier, ce n’est pas un roman policier : L’Homme armé est un roman noir sur le destin, la prédestination et le Mal, trois sujets qui sont fréquemment traités dans les lettres écossaises. Est-il besoin de rappeler que le Strange Case of Dr Jekyll & Mr Hyde est un roman sur les deux faces d’Édimbourg ?





L'Homme armé

L'Arbre Vengeur - 2011



Cette photo d'Atget, prise en 1900, fut l'un des moteurs de l'écriture de ce roman.
Les amateurs d'histoire parisienne savent tous que À l'Homme armé était un cabaret, sis 25 rue des Blancs Manteaux. Mais d'où venait ce nom surprenant? La rue de L'Homme-Armé existait à Paris dès le XIIe siècle, c'est une partie de la rue des Archives actuelle. Et n'oublions pas que la Section de l'homme-armé était une section révolutionnaire parisienne…


Critiques


Sélection de « lalibrairie.com »: « Entre illusionnistes et escrocs, un enquêteur incongru, Sherlock raté, Don Quichotte écossais, se bat contre ses moulins à vent et ses démons. »

Même si les critiques publiées sur ce roman sont peu nombreuses, il existe cependant un lectorat authentique. Ainsi des blogueurs, comme « Cecile’s Blog »:

" Il m’a plu énormément, la preuve en est que je ne l’ai pas lâché avant de l’avoir fini ! Il m’a surpris car finalement j’attendais un roman policier et donc une enquête digne de son nom, avec un peu de réflexion (un peu de Holmes par exemple) mais en fait pas du tout. Andrew MacLachlan est un homme d’actions avant tout et ses méthodes d’investigation sont des plus classiques (à part qu’il aime voyager pour faire ses enquêtes) ; il n’en est pas moins une personne intelligente et cultivée, moins bien sûr que son ami Athanasius Scobie, qui est censé raconter l’histoire. Du coup, l’enquête est remplacée par des scènes d’actions et de multiples rebondissements. L’inspecteur MacLachlan n’hésite pas à tirer sur les suspects, malgré les remarques de son chef, et à tuer ceux que sont chef ne voudraient pas arrêter. Finalement, le héros du livre est donc assez moderne car je ne suis pas sûre que les auteurs de l’époque auraient raconter les sentiments et les expériences amoureuses de leurs héros.
Une autre chose très moderne du livre (comme d’ailleurs souligné dans la présentation de l’éditeur), c’est l’humour ou l’ironie : les remarques bien senties, les moqueries gentilles …
Après, il y a bien sûr tout ce qui est hommage : à de Quincey (MacLachlan découvre la drogue à Paris. Visiblement à Édimbourg, ils sont innocents. Il paraît que c’est une ville “policée”), aux questions de l’astrologie (l’envie de connaître son avenir en cette fin de siècle, l’histoire se passant au moment de Jack l’éventreur), aux automates (j’ai adoré toutes les scènes sur cette question), aux descriptions des mœurs mais aussi des paysages …
Ce mélange d’hommage moderne au passé marche vraiment très bien. Cela donne un roman qui ne paye pas de mine mais qui franchement est très agréable à découvrir et à lire. On regrettera finalement deux choses : que le roman soit trop court mais surtout que Alain Gnaedig ferme la porte à une deuxième aventure de Andrew MacLachlan."


Ou « Les Feuilles Pas Mortes »:

L'Homme armé est un roman noir enfumé (ou gris smocking) écrit par Alain Gnaedig et publié aux éditions de l’Arbre vengeur. Je ne connaissais pas les écrits de ce auteur et c'est une belle découverte. Si vous aimez le roman noir, l'ironie et les réflexions sur le destin, je crois que vous vous délecterez des aventures d'Andrew MacLachlan.

(…) Je peux vous dire que j'ai aimé ce roman mettant en scène un policier du XIXe siècle sur les traces du Mal. J'ai aimé son côté parodique, ses références culturelles subtilement amenées, j'ai aimé son ambiance et ses personnages enfumés et sulfureux (…). J'ai aimé l'histoire, le style, l'écriture... Bref, j'ai aimé ce roman et je suis un peu triste de l'avoir terminé et d'avoir ainsi quitté Andrew MacLachlan, Athanasius Scobie et Auld Reekie...


Et encore Danerard’s blog:

C’est un polar gai... On y manie l’humour et la dérision avec virtuosité, et donc, le livre se lit avec plaisir. Plusieurs mondes se mélangent, on rencontre des personnages pittoresques, on relit De Quincey...


Et le jugement toujours excellent du non moins excellent Michel Volkovitch:

Dans son premier roman, Opus incertum (Calmann-Lévy), qui méritait qu'on en parle davantage, Alain Gnaedig nous introduisait dans le monde musical parisien d'il y a cent ans. Cette fois, changement d'éditeur (L'arbre vengeur), de lieu et de genre. L'homme armé est un hommage syncrétique à plusieurs traditions anciennes (roman gothique anglais, roman d'aventures à la Stevenson, roman-feuilleton à la Fantômas). Entre Edimbourg, Londres et Paris, un détective écossais affronte un être malfaisant à souhait, insaisissable comme il se doit, aux identités jouissivement multiples dans une action qui galope de rebondissement en coup de théâtre. On dévore la chose d'un trait, mais ce qui fait aussi le prix de cet Homme armé, c'est que l'humour de Gnaedig, plutôt British, distancié, langue-dans-la-joue comme on dit là-bas, frôle le second degré sans le toucher, laissant s'épanouir à son côté une discrète poésie.
Alain Gnaedig est par ailleurs l'un de nos meilleurs traducteurs actuels.





Que serait l’écrivain sans les libraires qui défendent son œuvre? Ici, le Festin Nu (à Biarritz), Coiffard (à Nantes) et Gibert (Paris).