Un chant de Noël, de Charles Dickens - Une retraduction en français…

Il y a deux mois, j’indiquais dans une publication postée sur le Net la sortie d’une nouvelle traduction de Un Chant de Noël de Charles Dickens, illustré par Manuele Fior, chez Futuropolis, dans la collection « La petite littéraire », sous la direction éditoriale d’Alain David, que je remercie une fois encore de m’avoir confié cette traduction.

Je pourrais me lancer dans une analyse critique et traductologique de ce texte - considéré par beaucoup comme l’œuvre la plus parfaite de Dickens, car il s’agit de son premier conte et le plus célèbre. En parlant avec les gens qui lisent, j’ai toujours ce sentiment que Dickens n’est ni bien compris ni vraiment connu dans le monde francophone. Pourtant, en tant que traducteur, et donc avant tout en tant que lecteur attentif, ce qui me frappe chez lui, c’est son talent à raconter des histoires, à construire son intrigue, à la faire vivre, à se glisser dans la peau et la psychologie de ses personnages, sans les juger, ou du moins, sans les condamner.

Il me semble aussi que tout le message de Dickens, s’il y en a un, se résume à un constat très banal: si les gens se comportaient comme il faut, le monde serait ce qu’il doit être. D’une certaine façon, Dickens me semble admirer avant tout la « common decency », cette décence commune, ce sens profond qu’il y a des choses qui ne se font pas.

Je voudrais ajouter deux ou trois petites choses plus personnelles sur cette retraduction.
Tout d’abord, j’ai déjà traduit Charles Dickens il y a plus d’une vingtaine d’années: des Histoires policières inédites en français, tirées de ces « Reprinted pieces », publies entre 1850 et 1859, et parmi les premières d’un genre promis à un avenir faste: le polar.

Donc, Dickens ne m’est pas inconnu. Ensuite, pour cette traduction d'Un Chant de Noël, j’ai utilisé un facsimilé de l’édition originale et une édition universitaire britannique. Je n’ai pas regardé ce que mes collègues ont pu faire avant moi.

J’ai été guidé par une intention littéraire: bien sûr, saisir ce que Dickens avait voulu faire à l’époque, en 1843, mais avant tout trouver un équilibre entre un texte de la première moitié du XIXe siècle et une traduction écrite en 2023. Au fond, si un original date, s’il paraît « daté », ce n’est pas un problème en soi. En revanche, il est plus problématique si une traduction est datée…

Je pense aussi que je traduis Dickens d’une certaine façon parce que j’ai beaucoup marché dans Londres, dans un East End qui a été sciemment détruit pour faire place nette à des jeux soi-disant olympiques, j’ai énormément marché dans tous les arrondissements en « W », parce que j’ai habité Londres pendant des années du siècle précédent, avant d’en partir le 30 décembre 1999. Je n’y suis retourné qu’une fois depuis.