" Un roman en musique, c’est rare : saluons-le. D’autant qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle musique : le premier personnage à entrer en scène est Claude Debussy soi-même. Un concert en temps réel. Vu par un critique : Georges Devereux, qui n’a pas les yeux, ni les oreilles, dans sa poche. Côté musiciens, on frôle le ringardisme, mais leur portrait, un par un, est très savoureux. (…) Ce qui n’empêche pas, grâce à l’utilisation du champ-contrechamp, une jolie délicatesse de touche. (…) L’auteur, qui ne manque pas d’humour, est tout à fait dans le ton pour cette peinture de la belle époque. Et sa " Dame blanche ", Claire, l’héroïne, est très attachante. N’oublions pas non plus de citer l’épigraphe : " Toute musique qui ne peint rien n’est que du bruit. " (D’Alembert). Ainsi de la littérature."
Claude Mourthé, Magazine littéraire
" Un livre plein de sous-entendus. "
Thierry Beauvert, France-Musique
" Il y a Théodore Raffanel, le chef présomptueux ; Camille Fauchey, le pianiste maladroit ; Mathurin Durassier, le hautboïste inquiet ; Robert Benoît, le tromboniste complexé ; Gabriel Blancard, le timbalier aigri ; Daniel Gaigan, l'altiste magnifique… Ils se retrouvent avec quelques autres, salle Érard, dimanche 23 juin 1907, pour un concert historique. Au programme, des œuvres de César Franck, Vincent d'Indy, Maurice Ravel et Claude Debussy. L'auteur du Prélude à l'après-midi d'un faune s'est déplacé en personne. Alain Gnaedig évoque l'impossible harmonie entre des interprètes que rien ne lie. Laissant libre cours à son amour des musiciens, il signe un roman astucieux, classique et attachant. "
Sébastien Lapaque, Le Figaro littéraire
" C'est par sa construction qu'Opus incertum sort de l'ordinaire. Mais ce sont les presque cent ans qui nous séparent du temps où se situe le récit qui nous le rendent attachant et presque exotique. (…) Opus incertum sera une succession de monologues intérieurs auxquels ce concert dominical sert d'argument et de fil conducteur. Le chef d'orchestre est infatué, le pianiste pistonné et celui qui devrait être le soliste au piano joue de l'alto. Dans l'orchestre, quelques instrumentistes sont là pour gagner (mal) leur vie, d'autres pour faire de la musique, la plupart pour d'obscures et complexes raisons. Le vieux violoniste est là pour mourir, il fera une crise cardiaque juste avant l'accord final. (…) Dans la salle, le lecteur est surtout le confident privilégié du critique imaginant des phrases assassines qu'il n'écrira pas. Comme il est intrigué par la présence d'une mystérieuse femme en blanc, on entre aussi dans les pensées de celle-ci, pianiste blessée sachant qu'elle ne jouera plus jamais mais faisant les yeux doux à l'altiste… Il y a encore la demi-mondaine, le député et quelques mélomanes. Les uns et les autres ruminent ou conspirent, écoutent un peu… C'est tout un microcosme de la société parisienne du début du XXe siècle que ressuscite Alain Gnaedig, promenant le lecteur dans des intimités et des destinées parfois cocasses, parfois tragiques. L'auteur manifestement connaît la musique, l'esprit, tant aristocratique que bourgeois, de ce temps-là, le statut alors singulier de musicien d'orchestre. Il émaille sa fiction de citations et de faits réels, donnant ainsi à son roman une trame d'authenticité. (…) Gnaedig, dans un style élégant qui épouse l'époque évoquée, raille et épingle, mais avec une constante tendresse aussi bien envers les purs musiciens qu'envers les comparses médiocres, tous piégés par le goût du jour de cet après-midi de 1907. "
Eliane Waeber Imstepf, La Liberté